Nate A. Gardner << You wish you were me. >>

Nathaniel est né un jour pluvieux, comme le sont la majorité des jours dans le nord de la France. Il vécut ce que l'ont pourrait appeler une enfance banale. Sans rebondissements, et sans vagues. Les parents de Nathaniel travaillant beaucoup tous les deux, il fut en grande partie éduqué et entouré par diverses nounous, dont il ne se souviendra jamais du nom ni du visage. Très peu entouré, c'est tout naturellement qu'il devint un enfant renfermé et introverti, angoissé aux contacts de personnes nouvelles, ce fut pourquoi son entrée à l'école fut un drame. Incapable de se socialiser comme le faisaient les autres enfants de son âge, il fut rapidement mis à l'écart. Sa facilité scolaire finit de creuser un fossé entre le petit Nathaniel et ses camarades, et ce jusqu'à la fin de son cycle de primaire. A l'entrée au collège, les choses ne firent qu'empirer. Les enfants devenaient plus méchants, et n'avaient plus peur de se moquer ouvertement de lui. Il était le bizarre, la tête d'ampoule, la bête noire de toutes ses classes sans exceptions. Un jour, un élève plus âgé d'un an que lui s'amusa à le pousser par terre pour ensuite l'empêcher de se relever et se moquer de lui, au milieu de la cour de récréation. Comportement qui devint quotidien, pour le plus grand plaisir du reste des élèves. Au bout d'un an, Nathaniel entra en dépression précoce, et développa une phobie de l'école. C'est sa grand-mère, qui avait pris le relais sur ses nounous et était, pour lui, la véritable mère qu'il avait eu, qui tira le signal d'alarme aux parents de Nathaniel. Ceux-ci crièrent au scandale à l'école, portèrent plainte contre quelques élèves, sans succès. Ils considéraient avoir fait le nécessaire, et abandonnèrent les plaintes, le changèrent d'établissement. Là bas, on ne le frappait pas, au moins. On se contentait de le dévisager, et de se moquer en secret. Une fois sorti tant bien que mal du calvaire du collège, Nathaniel refusait catégoriquement de poursuivre ses études au lycée. Il quitta le logement parental pour aller s'installer chez sa grand-mère, qui était la seule à comprendre son mal-être, et s'entendait très mal avec son fils, entièrement en désaccord avec l'éducation qu'il donnait au petit. Dans son temps, on prenait soin de ses enfants, on ne les considéraient pas comme un encombrement ou un animal de compagnie à faire garder.
C'est donc elle, Aurore, sa grand-mère, qui finit par trouver un compromis. Nathaniel acceptait de continuer ses études, si on lui offrait l'opportunité de repartir à zéro, la chance de prendre un nouveau départ. On parlait souvent de toutes ces agences qui permettent d'envoyer ses enfants dans des lycées à l'autre bout du monde. C'était décidé, Nathaniel partirait au lycée aux Etats-Unis, en Nouvelle-Orléans. En plus, avoir un enfant bilingue, c'est bien vu. Adjugé. Téléporté à l'autre bout du monde et plus angoissé que jamais, Nathaniel se demandait pourquoi il avait accepté cette situation qu'il détestait peut-être encore plus que la précédente. Sa première semaine là bas fut un calvaire, il refusait de sortir de son appartement tout frais payé par ses parents, et restait enfermé à décompter les jours avant la rentrée avec angoisse. Son appartement était immense, bien trop grand pour le jeune étudiant qu'il était. Il puait la richesse de ses parents partout. Un jour, accoudé à la fenêtre, il fumait une énième cigarette, lorsque quelqu'un leva la tête vers lui et lui sourit. Sans trop savoir pourquoi, ce bref contact avec un inconnu fut comme un déclic. Merde, il était là pour du changement, pour marquer un nouveau départ, et non pas conserver sa pitoyable vie d'avant. Le lendemain, il allait chez le coiffeur couper ses cheveux longs négligés, et se refaisait intégralement une garde robe luxueuse. Nathaniel était un autre homme. Nathaniel devint Nate, comme on l'appelait là bas. Avec sa gueule d'ange et sa mâchoire carré, son accent français et ses résultats excellents, il ne tarda pas à devenir très populaire au sein de son nouveau lycée. Sans trop savoir comment gérer cette nouvelle popularité et étonné de ce changement radical, Nate garda la tête froide, et conserva son tempérament particulier et renfermé, mais finit rapidement par s'adapter à son nouvel environnement. Sur de lui, social, et même charmeur, il se découvre être une toute nouvelle personne, et ce n'est pas pour lui déplaire.
Lors de sa première année, il rencontre Heaven. Une fille mystérieuse, qui a retenu son attention, à l'inverse du reste des filles de son école. Certains appellent ça le coup de foudre. C'était peut-être ça. Tout ce qu'il sait c'est qu'à présent, leur destin sont comme liés à jamais. L'un ne semble plus pouvoir vivre sans l'autre. Passionnels, impulsifs, ils sont souvent partagés entre le conflit et l'étreinte, mais ne peuvent jamais se passer l'un de l'autre bien longtemps. Heaven est la première personne à qui se lie véritablement Nate, et parfois, cela l'angoisse terriblement, n'étant pas habitué aux contacts humains intenses. Parfois, il se surprend à considérer Heaven comme sa chose qui n'appartient qu'à lui, éprouvant une possessivité sans limite pour la jeune fille. C'est donc sans aucun doute qu'il méprise son demi-frère, Keegan, toujours collé aux baskets de la dernière. S'il pouvait lui foutre sur la gueule une bonne fois pour toute, il le ferait sans hésiter. Il n'aimait pas la façon qu'il avait de la regarder, il trouvait ça malsain et dégueulasse, et éprouvait le plus profond mépris pour ce type.
En dernière année de lycée, un homme dans la rue s'était présenté à Nate comme chercheur de tête pour une agence de mannequinat et lui donnait une carte, lui précisant que son profil l'intéressait particulièrement. A la fin du mois, Nate se retrouvait embauché comme mannequin junior pour un magasine pour ado. Au début, il prenait à très à la légère, et se moquait lui-même de ce nouveau job. Mais très vite, les choses prirent une tournure inattendue. Nate était demandé dans de plus en plus de magasines, recevaient des offres d'agences concurrentes, et se retrouva bientôt accompagné d'un agent particulier. A son entrée à la fac, il tournait dans sa première pub pour un parfum, et prenait à présent très au sérieux son début de carrière prometteuse. Pris dans le tourbillon de la gloire, Nate visait à présent la célébrité, et la Grande Pomme, où il pourrait se faire un nom, et entrer dans l'histoire de la mode.