« Comment ça on déménage dans une autre ville ? » On était à table, plus personne ne parlait. Mes parents venait tout juste de m'annoncer la nouvelle. Ce déménagement sortait de nul part. Je n'avais jamais entendu mes parents parler d'un déménagement. Ils avaient souvent évoqués de faire un tour du monde, mais c'était qu'un rêve. Je savais très bien qu'on n'allait pas le faire, on n'avait pas assez d'argent, même si ça aurait sympa de faire ça. Mais là, on parle d'un déménagement. On va carrément vivre ailleurs.
« Eh bien on va partir de cette maison pour aller vivre dans une autre maison qui se trouve ailleurs qu'à Nouvelle-Orléans. » « Je sais ce qu'est un déménagement papa. J'ai douze ans, pas deux. Mais pourquoi on déménage ? On est bien ici. Et vous n'avez jamais parlé de déménager. » J'étais complètement perdue. Je ne voulais absolument pas partir Nouvelle-Orléans. J'étais bien ici, j'avais tous mes amis et je n'avais pas envie de les quitter.
« L'entreprise de ton père a quelques problèmes ... Et s'il veut garder son poste, il faut qu'on déménage. A San Francisco. » Je laissais tomber ma fourchette. Elle avait dit San Francisco ?! C'était une blague, ce n'était pas possible. On n'allait pas habiter de l'autre côté du pays quand même !
« San Francisco ! Mais c'est à l'autre bout du pays ! Et j'ai tous mes amis ici ! Je ... Je veux pas partir ! Il y a pas un autre poste que tu pourrais prendre et qui ferait qu'on reste ici ? Ou alors pas trop loin d'ici ? » Mes parents avaient poussé un long soupir. Oui, c'était égoïste de ma part, mais je n'avais pas envie de partir. Après une longue discussion, enfin pas si longue que ça d'ailleurs, mes parents m'ont convaincu que c'était une bonne chose de déménager, que j'allais rencontrer de nouvelles personnes. Bref, tout le discours habituel quoi, mais je n'avais vraiment pas envie de partir d'ici. J'avais l'impression que toute ma vie était vie, même si je n'avais que douze ans.
J'étais dans les couloirs du lycée, près de mon casier. J'étais la fille discrète qu'on oublie facilement. Et ça depuis le début de ma scolarité à San Francisco. Enfin non, peut-être pas depuis le début. Lorsque je suis arrivée, j'étais un peu l'attraction. La petite nouvelle du coin. Ça a duré le temps qu'une nouvelle personne arrive. Et ça m'avait fait du bien de ne plus être l'attraction. Enfin bref, c'était une journée ordinaire qui commençait au lycée. Quelques personnes m'avaient bousculés dans le couloir, soit parce qu'ils allaient en retard ou soit ... Par pur plaisir de faire chier quelqu'un. J'étais l'une des premières personnes à arriver en classe et comme d'habitude. Je sortais mes affaires, comme ça j'allais être enfin prête quand le cours commencerait. Et puis comme ça, j'avais quelques minutes de repos. Enfin, c'était avant que ma meilleure amie débarque à toute vitesse dans la salle de classe.
« Aedan. Gymnase. Autre fille. » « Pardon ? » Je ne comprenais pas ce que Abigaëlle voulait dire. En même temps, c'était le matin et je n'étais pas très réveillée non plus.
« Va faire un tour dans le gymnase ! » Elle m'avait limité sortie de la salle de cours pour que j'aille dans le gymnase. Aedan était mon petit ami depuis quelques mois. A vrai dire c'était sûrement mon premier amour. Lorsque je suis arrivée dans le gymnase, il y avait personne. Abi' avait sans doute dû rêver. Aedan n'était pas là. Enfin c'était jusqu'à ce que j'entende sa voix sous les gradins. Et il n'y avait pas que la sienne. Il y avait aussi celle d'une autre fille. Discrètement, je me dirigeais vers les gradins et petit à petit je voyais deux ombres.
« Aedan ? » Je m'étais arrêtée. Et pas que mon corps d'ailleurs, mon cœur aussi. Effectivement, il était là. En train de faire je ne sais quoi avec une autre fille.
« Lisbeth ? » J'étais en train de faire demi tour, lorsque j'entendis de nouveau sa voix.
« Attends, je peux t'expliquer ! » « M'expliquer quoi ?! Que ce n'est pas ce que je crois. Que tu n'était pas en train de peloter une autre fille ?! Non parce que ça en avait tout l'air ! Alors maintenant oublie-moi et ne m'approche plus jamais ! » Je venais de subir mon premier chagrin d'amour. J'ai été trop bête pour croire qu'il m'aimait après tout. Je n'étais clairement pas son genre fille. Je n'étais pas blonde et cheerleader. Et puis pourquoi je suis sortie avec un de ces joueurs de basket prétentieux, j'en ai strictement aucune idée.
Il fallait que je respire. Ce n'était qu'un simple rendez-vous après tout, il ne fallait pas que je stresse après tout. Un simple rendez-vous. Avec Teddy. Avec le garçon avec lequel je jouais, lorsque j'étais enfant. Avec le garçon dont tu avais un béguin lorsque tu avais un peu plus de dix ans. C'est vrai que ce n'est rien, alors il fallait absolument que je me calme. Je suis sûre qu'il a dû penser que j'avais l'air cruche en rougissant tout le temps, lorsqu'il m'a demandé si on pouvait se voir. Et ce soir, c'était notre premier rendez-vous. Enfin, je crois qu'on peut appeler ça un rendez-vous, puisqu'on sera que tous les deux. Je regardais l'état de ma chambre. On aurait dit qu'un ouragan était passé par là. J'avais littéralement vidé mon armoire. Absolument toutes mes affaires étaient étalées par terre. On allait se faire un cinéma, ce n'était pas comme si on allait dans un grand restaurant. Donc ce n'était vraiment pas la peine de sortir toutes mes affaires comme ça. Mais en même temps, je voulais être plus que jolie. Et à chaque tenue que j'essayais, je trouvais forcément quelque chose qui clochait, mais en tout cas il fallait vraiment que je me dépêche sinon j'allais être en retard. Et je ne voulais absolument pas l'être. Et ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes que j'ai réussi à trouver une tenue parfaite, même si je ne la trouvais pas si parfait que ça. En fait, elle était même assez simple, mais il ne me restait plus beaucoup de temps. J'attrapais ma veste et descendais les escaliers à toute vitesse. Enfin, c'était juste avant que mon père m'arrête.
« Tu vas où comme ça ? » Je soupirais légèrement et me retournais vers mon père.
« Au cinéma. » « Et avec qui ? » J'avais vingt ans et mon père surveillait toujours le moindre de mes faits et gestes. Et surtout lorsqu'il s'agissait de mes sorties, et surtout quand il y avait des garçons.
« Avec Théodore. Donc ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. » Je lui avais fait un grand sourire avant de partir rapidement. Si j'avais continué de lui parler, j'aurais été vraiment, mais vraiment en retard.
Lorsque je suis arrivée au cinéma, j'étais en avance. En fait, je me suis pressée pour rien. Enfin il ne vaut bien pas être en avance plutôt qu'en retard. Toutes les dix secondes, je regardais mon téléphone, alors que tout ça ne servait à rien. J'étais en avance de dix minutes, donc ce n'était pas maintenant que Teddy allait arriver. Il fallait que j'arrête de stresser. Pour l'instant, c'est juste une sortie ciné, rien de plus. Je regardais tout autour de moi pour voir s'il n'arrivait pas. Et il n'arrivait pas. Du moins, c'est ce que je croyais. Et j'avais tort puisqu'il y avait quelqu'un derrière moi.
« Salut. » Je sentais mon cœur qui battait de plus en plus vite et mes joues qui s'enflammaient. Il fallait que je respire et que je me comporte normalement. Je me retournais vers lui et souriait.
« Salut. » « Alors ... On va voir quel film ? » Lisbeth, reste concentrée, très concentrée, respire et essaye de ne pas trop baver. C'est ce que je me répétais sans cesse.
« Hum ... Comme tu veux. » Bravo Lisbeth, réponse très intelligente.
« Pourquoi pas celui-là. » Il m'avait montré une affiche de film que je ne connaissais pas. Pourquoi pas, après tout, je n'étais pas sûre de vraiment rester concentrée durant tout le film.
« Oui pourquoi pas. » J'étais toujours en train de sourire et sûrement de rougir par la même occasion. Il fallait vraiment que je me calme sinon je n'allais pas tenir toute la soirée.
J'étais assisse en tailleur sur mon lit - enfin notre lit, puisqu'avec Teddy on habitant ensemble désormais et ça depuis deux ans - en train de réviser mes cours. C'était la dernière ligne droite. Ma dernière année d'étude à la fac. Et ensuite, je pouvais enfin rentrer dans le monde du travail et commencer une carrière d'avocate. Et qu'est-ce que j'avais hâte. Cela faisait quelques heures, que j'étudiais et je commençais à avoir un peu mal partout et surtout au niveau de dos et de la nuque. Je bougeais ma tête dans tous les sens, lorsque je sentis des mains qui commençais doucement à me masser.
« Tu devrais arrêter un peu. » Qu'est-ce que j'aimerais, mais je ne peux pas. Je ne peux pas m'arrêter de travailler comme ça, surtout cette année.
« J'aimerais bien, mais j'ai un examen important demain et ... » Je n'avais même pas eu le temps de terminer ma phrase que je sentis les lèvres de Teddy se coller contre les miennes.
« Peut-être que quelques minutes de repos ne me feraient pas de mal après tout. » Je me rapprochais doucement de lui, lorsque je commençais à sentir qu'il caressait doucement mon ventre. Je savais ce qu'il était en train de penser et je n'aimais pas du tout ça. Tout doucement, je m'éloignais de lui.
« Quoi ? » « Tu sais très bien ce qu'il y a ... » Je n'osais même plus le regarder. Depuis un certain, il n'arrêtait pas de me parler d'avoir un bébé. Je ne suis pas contre, bien au contraire, tout comme lui je veux un enfant. Notre envie. Sauf qu'il le voulait maintenant, alors que moi je voulais attendre d'avoir terminé mes études et avoir un vrai travail, mais il n'avait pas l'air de comprendre. Je le regardais quelques secondes. Il semblait être énervée ou vexée. Peut-être un peu des deux. Rapidement je regardais ailleurs, tout en prenant mes feuilles de cours.
« Je vais aller réviser dans le salon. » Après rassembler toutes mes affaires des cours, je partais en direction du salon. On ne se disputait, ou était en froid, pas souvent, mais des derniers-temps, c'était différent. Entre lui et son envie de fonder une famille le plus rapidement et moi et mon envie de réussir ma dernière année et trouver un travail, ce n'était pas vraiment compatible et de temps en temps, ça éclatait. Et ça me faisait mal au cœur.
Dans la vie d'une femme, il y a plusieurs étapes importantes. Et se fiancer est l'une de ses étapes. Depuis toute petite, je rêvais de me marier. De porter une magnifique robe blanche et de dire oui à l'homme de ma vie. Et c'est ce qui va m'arriver ! Je n'en revenais pas. Teddy m'avais demandé en mariage et j'avais dit oui. J'étais fiancée. Cela me paraissait trop beau pour être vrai. Pour l'instant, il n'y avait que la famille de Teddy qui connaissait la nouvelle. Je ne l'avais pas encore dit à mes parents. Par manque de temps et puis j'avais autre chose en tête avec mes examens qui approchaient à toute vitesse. Mais maintenant, j'avais le temps. J'avais réussi mes examens et avec succès, je pouvais à présent annoncer la bonne nouvelle. J'étais en route pour la maison de mes parents. Je devinais à peu près leur réaction. Ma mère serait heureuse, vraiment heureuse. Par contre pour mon père, ça risque d'être autre chose. Il avait toujours été protecteur, un peu trop d'ailleurs. Pour lui, j'étais toujours le petit bébé qu'il avait tenu il y a vingt-quatre ans.
Je sonnais à la porte, attendant qu'un de mes parents viennent m'ouvrir. C'est au bout de quelques minutes que ma mère est venue m'ouvrir la porte.
« Mais voilà, notre avocate ! Teddy n'est pas là. » Elle m'avait pris dans ses bras. Vu, comme elle me serait dans ses bras, j'avais l'impression qu'elle ne m'avait pas vu depuis des années, voir des siècles.
« Non, il travaille aujourd'hui. » J'avais souri, je m'étais à peine décalée qu'elle m'avait prise les mains. Enfin plutôt un de mes mains. Celle où il y avait ma bague de fiançailles. « Lisbeth. C'est bien ce que je pense ? » J'avais un grand sourire sur le visage et j'ai eu à peine le temps de lui oui, qu'elle m'avait traîné dans le salon, là où il y avait mon père.
« Chéri ! Lisbeth va se marier ! » Mon père s'était levé d'un coup que ça m'avait fait sursauter.
« Quoi ? Avec qui ?! » Je poussais légèrement un soupir. A croire que j'allais épouser un inconnu.
« Je vais me marier. Avec Teddy. Tu sais mon petit copain depuis quatre ans. » « Mais pourquoi maintenant ? C'est trop tôt. Il t'as mis enceinte c'est ça ?! C'est pour ça que vous allez vous marier c'est ça ?! » Je levais les yeux au ciel. Mon père était irrécupérable. Je le laissais mon père parler. Je connaissais son discours habituel, j'étais plus concentrée sur ce que disait ma mère. Elle me demandait si on s'était décidé sur une date et elle essayait tant bien que mal de calmer mon père. Bref, c'était tout comme je l'avais imaginé.
« Cache-moi, cache-moi, cache-moi. » J'étais arrivée dans la salle de repos à tout vitesse. Mon premier jour en tant qu'avocat ne pouvait pas être pire. Pourquoi il était là. Pourquoi Aedan était là. Pourquoi un de mes ex du lycée était ici. Et ce n'était pas un client. Non. C'était un avocat ! Pourquoi ?! Il n'avait pas pu rester à San Francisco au lieu de venir ici. Je l'avais à peine vu, que je suis partie dans la direction opposée.
« Qu'est-ce que t'as, on dirait que tu as vu un fantôme ? » « Ouais, c'est presque ça. » Je regardais brièvement pour ensuite me retourner durant quelques secondes. Et il était là, à me regarder et me sourire. Malheureusement.
« Il me regarde toujours ? » « Ouais. Et il vient vers là. » Oh non, ce n'était pas possible. Et en plus ma collègue partait. Elle allait me laisser seule avec lui. La journée ne pouvait pas vraiment être pire.
« Salut. » Il était derrière moi. Et je ne pouvais plus m'échapper. Je me retournais doucement.
« Salut. » Qu'est-ce que je pouvais dire de plus. Je n'avais rien à lui dire.
« Tu n'as pas changé.» Il était en train de me sourire. Mais ce sourire, je le connaissais. C'était le même qu'au lycée. Exactement le même, qu'il m'avait fait pour me draguer lorsqu'on on était au lycée.
« Ouais …. Tu n'as pas changé non plus … J'ai été … ravie de te revoir. » Ravie, n'était pas vraiment le mot en réalité. Mais bon il fallait bien que je trouve quelque chose pour terminer la conversation et partir d'ici au plus vite. Enfin c'est ce que je pensais, mais il m'avait attrapé par le bras. Ce n'était pas possible, il n'allait pas me laisser tranquille.
« Ça serait sympa qu'on se voit un soir. » Je suis sûre et certaine qu'il avait pu voir mon expression de dégoût sur mon visage. Il était en train de me draguer. Je ne rêvais pas.
« Ouais bien sûr. Je vais le dire à mon fiancé, je suis sûre qu'il sera ravi. » J'avais bien insisté sur le fiancé et bizarrement il m'avait lâché le bras et là je pouvais partir. En fait travailler ici allait être long. Surtout si je devais travailler souvent avec Aedan. Vraiment très long.
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