18 août, 15h33” Pour la plupart des gens, les bibliothèques sont des lieus sinistres et poussiéreux, qui sentent le vieux et où le silence est imposé de manière quasi-obsessionnelle. Pour moi, c'est une cour de récréation. Une porte ouverte sur un savoir historique sans équivalent. Peu importe les nouvelles technologies, peu importe internet et les livres numériques. J'aime ces bouquins aux pages jaunies par le temps, j'aime l'odeur d'un livre fraichement imprimé, ces grands rayons couverts de reliures en cuir, en français, en anglais, en latin. J'arrive souvent le matin en fin de matinée, et je me pose toujours à ce bureau, celui près de la fenêtre avec sa petite lampe en cuivre et abat jour vert de style très anglais. J'y pose mes affaires, et je ne bouge plus jusqu'à 18H. Ici, je peux passer des heures sans parler, sans lever les yeux de mes bouquins et de mes notes. Ici, je ne suis ni un Don Juan, ni un fils à papa. Ici, je ne suis qu'un étudiant comme les autres, fou d'histoire et de connaissances. Evidemment, si une jolie fille passe sous mon nez et remue les hanches de manière provocante, je me dois d'intervenir et d'honorer ma réputation ! Rémie est une jolie fille. Intelligente, futée, très sexy, typiquement le genre de fille qui me fait sortir de ma lecture. N'eut été son caractère de bouledogue, elle aurait été tout simplement parfaite à mettre dans son lit. Mais voilà, c'est un bouledogue, et au lieu d'être dans mon lit, Rémie passe son temps à l'éviter. Pas de manière froide et brutale, mais de manière sinueuse, et ambigüe. A chaque fois que je pense avoir réussi, elle prend un malin plaisir à me filer entre les doigts. Autant vous dire qu'il n'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité et faire d'elle mon nouveau terrain de jeu. Depuis lors, à chaque fois que le destin met Rémie sur ma route, je me lance à sa poursuite comme le Coyotte derrière BipBip. C'est devenu un jeu, un défi, une source d'excitation et de frustration sans nom. Alors, aujourd'hui, alors que je suis penché sur le bureau, à prendre des notes sur la guerre civile, et que j'entrevois la silhouette élancée de Rémie sur ma droite, je sais que cette journée n'échappera pas au reste. Je la regarde s'aventurer dans les rayonnages, et attend qu'elle ait disparu pour me lever et la rejoindre. Je la retrouve au bout d'une allée à détailler les titres d'une étagère de manuels de langues étrangères. Je m'approche silencieusement, mais sans faire vraiment d'efforts pour rester discret, et viens m'appuyer au rayonnage à côté d'elle. L'air courtois, et pourtant sans équivoque, je la toise en souriant.
Sujet: Re: (Rémie) Come on, babe ! Lun 19 Aoû - 7:21
"Come on babe" pense-t-il
✣ Maître Corbeau sur son arbre perché..
~ Wyatt & Rémie
Parfois, le seul moyen que j'ai pour m'occuper c'est le travail. Tout simplement. J'éprouve un réel réconfort lorsque je me plonge dans mes bouquins pour apprendre encore et toujours. Pour m'entrainer, écouter et perfectionner. L'idée même de pouvoir maîtriser ces langues et voyager en toute connaissance me donne un certain sentiment de satisfaction puisque les langues sont à mes yeux le pouvoir ultime. Dieu ne nous a-t-il pas donné différents langages par punition ? Une langue maîtrisée est un passage au delà de la punition, une langue maîtrisée est un pouvoir en plus, alors personne ne peut me détourner de cette ambition. Cette ambition qui m'empêche de penser au décès de ma sœur, cette ambition qui me laisse en paix avec moi-même sans que mes sentiments ne deviennent schizophrènes envers ma nièce, ni trop épuisants envers .. Camden. C'est pourquoi la bibliothèque a toujours été un lieu particulièrement réconfortant à mes yeux, c'est l'endroit où l'on peut se créer sa propre bulle sans trop de danger. On peut choisir celle qu'on veut, il suffit de tirer le livre qui s'y accorde. Quoi de plus respectable qu'un livre ? Cet ouvrage modeste dérivés en des milliers pour chacun nous offrir un peu de savoir. Qu'il soit neuf ou vieux, ça a toujours été un plaisir pour moi de posséder, toucher, parcourir, un livre; et ce depuis enfant. Mon réflexe reste de plonger mon nez dans l'ouvrage, humant son odeur propre, neuve et synthétique ou bien poussiéreuse et authentique.
" - Couche avec moi, Rémie !"
Je connais cette voix. Je me retourne vers l’intéressé : Wyatt. Sa phrase a beau être bourrine et dénuée d'élégance elle m'arrache un sourire. Je ne sais pas vraiment si je suis amusée ou désespérée, du moins c'est ce que je laisse croire.
- Oh, Wyatt. Que dis-tu de .. même pas en rêve ?
Je finis la phrase de façon froide, impassible, avant de fermer mon livre et commencer à quitter les étagères pour convoiter une table.
- Tu es en forme, comme toujours, la bibliothèque c'est ton nouveau coin de pêche branché ?
Je ris légèrement avant de poser mes livres et m'asseoir, en le fixant.
Ce qu'il y a de bien en cette période c'est qu'il n'y a pas grand monde ici, alors je peux titiller Wyatt sans que l'on ne me prenne pour une de ses conquêtes dépravées.
Sujet: Re: (Rémie) Come on, babe ! Lun 19 Aoû - 19:08
Come on, Babe !
La froideur de Rémie m'arrache un sourire. A moins que ça ne soit une grimace. Le fait est que mon visage se tord dans un rictus de douleur et de délice, comme si je savourais cette délectable cruauté qu'elle prend plaisir à m'infliger. Je ne sais pas si c'est réellement le cas. Je ne me suis jamais considéré comme un masochiste, la douleur m'effraie et me répugne. L'infliger n'est pas digne de moi. Et je ne pense pas qu'aucun homme apprécie de se prendre un rateau par une jolie fille. Pourtant me voilà, à jouer, traîner, et faire le pitre pour que cette belle brune continue de me martyriser. Je me laisse faire. Non, je réclame, et je redemande. Je dois bien être masochiste après tout.
"- Oh, Wyatt. Que dis-tu de .. même pas en rêve ?" Rémie me renvoie dans mes buts, aussi violemment que le bouquin qu'elle ferme entre ses mains, et s'éloigne de moi comme d'un insecte.
"- Tu es cruelle !" Lui lançais-je d'une voix faussement larmoyante tout en lui emboitant le pas.
" - Tu es en forme, comme toujours, la bibliothèque c'est ton nouveau coin de pêche branché ? - Je garde l'esprit ouvert !" Dis-je pompeusement en m'installant en face d'elle, un grand sourire gamin aux lèvres. Rémie rit, discrètement, mais tout de même. Une victoire en soit, je ne lui suis pas tout à fait antipathique, et ça me fait plaisir dans le font. Je supporte déjà difficilement qu'une jolie fille se refuse à moi, alors qu'en plus elle me trouve insupportable, c'est trop pour mon ego. "- Au moins, je te fais rire !" Glissais-je d'un air malicieux. Vous savez ce qu'on dit sur les femmes qui rient, pas vrai ? Femme qui rit, à moitié dans ton lit ! La moitié du chemin reste à faire, mais j'ai envie de prendre mon temps. Je ne m'amuse pas autant avec mes conquêtes habituelles, elles me donnent trop rapidement la permission de les dénuder. Avec Rémie, j'ai l'impression de jouer une partie d'échecs à taille humaine. Une partie ambigüe et sensuelle, mais je n'ai jamais rien connu de plus proche de l'amitié avec un individu du sexe opposé jusqu'ici. C'est bizarre, je sais, je devrais être capable de me lier d'amitié avec une fille sans penser à comment je vais m'y prendre pour pouvoir coucher avec elle. Le fait est que je ne crois pas à l'amitié inter-sexe. Il y en a toujours un qui finit par dévier du droit chemin, espérer plus, imaginer plus. L'amitié n'existe que tant qu'il y a une ambiguïté, une infime part d'attirance. Alors, autant exposer cette ambiguïté au grand jour dès le départ non ? Histoire de partir sur de bonnes bases ! Je pose mon menton dans le creux de ma main, accoudé sur le bureau, et je la fixe d'un air amoureux et parfaitement insolent, qui je le sais, lui arrachera un sourire amusé. Mais en attendant, je me tais.
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