Here's to never growing up ♥ Judy

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L'histoire de Judy, c'est une histoire qui commence mal. A sa naissance, ses parents étaient tous les deux ravis. Elle était la petite fille attendue, comme un miracle. Sa mère ne pouvait apparemment pas porter d'enfant. Pourtant, un beau jour, elle a prouvé que la médecine n'était pas une science toujours fiable. Ils ont décidé d'appeler cette petite fille Judy, un nom qui semblait lui aller comme un gant. Pour hommage à sa sœur décédée, sa mère lui a donné pour deuxième prénom Elinn. Cette petite étoile est destinée à la douceur. Son enfance se passe parfaitement bien, elle est heureuse, elle donne le sourire à ses parents, elle sourit de toutes ses petites dents. Seulement, elle n'est pas très fine, elle est même en surpoids pour son âge, et ça devient vite un problème, aussi bien de santé que de sociabilisation. A l'école, elle est traitée de tous les noms « grosse vache », « bouboule », « boulette »... Elle ne comprend pas toute cette méchanceté envers elle, qui n'a rien fait de mal. A la maison, ses parents la traitent normalement, ils l'aiment, ils la chérissent, ça se voit. Ils sont toujours là pour elle. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire de mal pour mériter ces insultes ? Ca la poursuit jusqu'à la fin du collège. Elle reçoit toujours les mêmes insultes, elle est toujours rejetée, et comme elle est plutôt sensible et réservée, elle pleure devant ses camarades, ce qui les encourage à recommencer. Elle se sent mal dans son corps, elle ne supporte pas son ventre, son visage, ses jambes... Elle voudrait changer. Tout changer. Alors elle décide de ne plus manger, d'arrêter tout simplement de remplir son ventre. Pour elle, c'est très dur. Elle est gourmande. Pourtant, elle ne mange plus, prétextant tout et n'importe quoi pour ne plus toucher à la nourriture. Parfois quand elle ne peut plus y échapper, elle mange à table, et vas tout recracher le soir dans les toilettes sans jamais que ses parents s'en aperçoivent. Ils ne sont pas méchants ses parents, ce n'est pas de leur faute s'ils ne voient pas son mal-être. C'est qu'elle le cache bien, et qu'ils pensent que tout va bien à la manière dont elle sourit chaque jour devant eux.

Pour elle, au collège, c'est l'enfer. Elle a tous les jours la boule au ventre quand sa mère la dépose, elle a toujours envie de pleurer en entrant dans cette salle de classe, avec tous ces regards tournés vers elle. Elle est seule face à eux, elle n'a pas d'ami, pas un seul. Pourtant elle dit à ses parents qu'elle en a des tas, qu'elle s'amuse bien, elle s'invente une vie rêvée. Pendant le repas de midi, au collège, elle se pose dans un coin du parc, à l'abri de tous, elle s'assoit dans l'herbe et elle pleure en silence. Elle évacue tout le stress qu'elle peut, elle essaie d'oublier cette envie de manger qui la tiraille. Elle a faim Judy, mais elle ne dit rien. Son ventre lui donne des crampes, mais à force de le faire taire, elle oublie un peu sa faim. Elle a encore le droit à des remarques, des insultes, ça ne cessera jamais ? La période du collège est terrible pour elle, sensible. Elle commence à perdre un peu de poids en ne mangeant rien, ce qui l'encourage à continuer. Ce n'est pas bon pour sa santé, mais à cette époque, elle n'est pas très consciente des choses, elle ne pense pas que ça peut la mener à la mort. Elle perd du poids, elle est contente, même si son ventre lui fait bien comprendre qu'il faut manger. D'ailleurs, c'est à peu près là que sa mère remarque que ça ne va pas, qu'elle ne mange pas. Elle est là aux repas pourtant, elle semble avaler les aliments, mais sa mère ne sait pas qu'elle recrache tout le soir même, elle ne sait rien, jusqu'à ce fameux jour où elle surprend sa fille, la tête dans la cuvette, se faisant vomir. A ce moment-là, elle la force à arrêter, elle pleure, elle crie. Elle a peur pour sa fille après tout. Son père arrive, et lui aussi, il pleure. C'est la seule fois où elle l'a vu dans cet état. Ils sont en panique.

Le lendemain, sa mère prend rendez-vous chez le médecin. Elle a peur pour sa petite fille. C'est la fin du collège quand elle reprend petit à petit l'alimentation. Elle est mince maintenant, un peu trop même. Elle est maigre. En trois ans, elle a perdu beaucoup de poids, et même après ce fameux jour, elle a perdu. Ca a été très dur d'arrêter, de manger à nouveau. Elle entre au lycée maintenant. Elle pense que tout sera différent, que comme elle a minci, qu'elle a une taille enviable, personne ne viendra l'embêter, qu'elle pourra avoir des amis, enfin. Comme elle l'espère. Elle mange à nouveau, mais fait très attention, elle ne veut pas prendre à nouveau du poids. Elle fait attention à ce qu'elle mange, s'autorisant parfois un écart, une journée de répit. Elle espère que les gens vont la traiter normalement maintenant qu'elle a perdu du poids. Cependant, ce n'est pas ce qui arrive. Maintenant, les gens ne la critique pas pour son surpoids, mais pour son sous-poids. Les gens l'insultent. « Anorexique », « malade », « faut te faire soigner ». Ils lui crient ça au visage, et elle ne peut rien faire, elle n'arrive pas à se défendre. Que doit-elle faire maintenant ? Elle a perdu du poids, mais on continue de l'insulter ? Elle se braque. Les gens sont méchants, vicieux, il ne faut plus se soucier de ce qu'ils pensent, ou on pourrait se laisser mourir pour eux. C'est la conclusion à laquelle elle arrive. Pourtant, c'est dur de ne plus s'en soucier.

Un jour au lycée, lors de la pause déjeuner, Judy s'isole dans le petit parc, pour être tranquille, pour manger un peu tranquillement. Elle ouvre son panier repas, mais quelqu'un vient la déranger. Ils sont trois, une fille et deux garçons. Ils ont un sourire vicieux collé au visage. Ils te regardent méchamment avant de balancer ton panier repas au loin. « Une anorexique, ça mange pas ». Elle les regarde, les yeux plein de haine. La fille la prend par les cheveux et les garçons lui frappent le ventre. Elle ne supporte pas cette méchanceté gratuite. Elle a mal, au corps comme au cœur, elle pleure en silence, épuisée par tout ça. Pourtant, un autre garçon arrive. Judy pense au début que c'est un de leurs amis, qu'il vient s'en prendre à elle aussi, mais non. C'est un garçon à l'allure bien particulière. Il a les cheveux colorés, rouges, des vêtements qui sortent bien de l'ordinaire, les poignets plein de bracelets, une bague, et des piercings. Un look atypique. Dès le premier regard, elle a adoré sa façon de montrer qu'il s'en fout de ce que les autres pensent. Dès le premier regard, elle l'a admiré pour ça. Ce type que Judy ne connaît pas lui vient en aide se jour-là, sans se battre, juste avec les mots. Quelque chose d'incroyable. Il les fait partir et l'aide à se relever. Elle le trouve incroyable, beau, admirable, gentil. Toutes les qualités qu'elle ne pensait pas trouver chez quelqu'un. Depuis ce jour, ils deviennent amis. Il s'appelle Manael, un prénom qui lui va tellement bien. Grâce à lui, Judy apprend que le regard des autres ne compte pas, qu'elle peut très bien être qui elle veut, ça n'a pas d'importance. Grâce à lui, elle a d'autres amis, tous plus originaux les uns que les autres. Grâce à lui, elle s'épanouit, elle dévoile sa vraie personnalité, elle sourit enfin. Elle adore se colorer les cheveux, avoir tout un tas de bracelets, de bagues et de colliers sur elle, elle adore les choses mignonnes, elle n'a plus honte, elle n'a plus peur. Il l'a sauvée.

Avec Manael, elle est bien, elle est à sa place. C'est son meilleur ami. Elle est pourtant petit à petit tombée amoureuse de lui, comme si c'était inévitable, elle ne lui a jamais dit et ne pense jamais lui dire. Elle l'adore son Manael, elle ne veut pas risquer de le perdre à cause de ces sentiments. Elle a vingt ans aujourd'hui, et Manael est toujours là pour la soutenir. Ils font les mêmes études, avec la même passion et le même rêve : devenir de grands photographes. Ils s'amusent souvent à poser l'un pour l'autre pour des tests photo. Ca doit faire deux ans qu'elle est vraiment amoureuse de lui, mais qu'elle lui cache. Il est tout pour elle, son confident, son rayon de soleil, son cœur, son ami, tout. Elle supporte les filles avec qui il sort, retenant sa jalousie, bien que ce soit très dur. Elle vit comme elle l'entend. Aujourd'hui, plus personne ne lui dit rien sur la ligne, et elle ne fait de toute façon pas attention. Les gens l'aiment pour sa gentillesse et sa façon enfantine parfois d'être. Elle vit toujours chez ses parents, à quoi bon partir lorsqu'on est bien chez soi ? Son père et sa mère, elle les adore, elle est heureuse avec eux. Elle a échappé au pire grâce à Manael et à ses parents, elle est maintenant bien comme elle est.

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